Couple : la leçon de Denis Sonet
Le père Denis Sonet donne, sans état d’âme, une véritable gifle aux couples bien installés, et trace le chemin à suivre pour les plus jeunes. «C’est inadmissible que les couples ne soient pas heureux dans notre société», a lancé le conférencier. «Allez voir chez les pauvres !». Le ton est donné… Le crâne dégarni, le regard franc, Denis Sonet a un foutu caractère et une sacrée dose d’humour pour faire passer son discours.
Devant une salle comble, répondant à l’invitation des AFC du Tarn, le prêtre-conseiller conjugal a ressorti son indémodable allégorie du chalet. «L’amour c’est une construction, comme un chalet sur une montagne». Avant toute chose, il faut établir un plan, celui de sa vie de couple. «Les jeunes n’ont plus de projets, alors qu’ils ont des vues très différentes», regrette le père Sonet. Mais construire l’édifice de sa vie n’est pas un jeu de loterie ou une perpétuelle mise à l’épreuve. «Huit cohabitations sur dix craquent dans les dix ans s’il n’y a pas de mariage», rappelle le conférencier. Le mariage, et l’engagement qui en découle, constitue le fondement et la base de tout couple. «Ça aussi, les jeunes ne le savent plus. Un couple, c’est avant tout la volonté de durer ensemble».
Le chalet ne pourra pas s’appuyer sur de solides fondations s’il n’existe pas, au fond de chacun des conjoints, un véritable amour de soi. «Quand on ne s’aime pas, on s’accroche à l’autre !», et la liberté qui fonde tout amour en pâtit. Une fois la base bien ancrée, Denis Sonet invite les couples à ériger les piliers de leur amour. Le premier, et le plus important, est la communication. «Les trois quarts du temps, on se sépare à cause d’un manque de communication», a relevé le prêtre. «Malheureusement, la communication n’est pas encore dans les programmes scolaires. mais si vous votez pour moi, je flanquerais un mois de cours sur la communication en terminale». Pour l’intervenant, l’acceptation de la différence dans un couple vient renforcer ce premier pilier. Le second rappelle la nécessité de la tendresse entre époux. Tendresse qui se traduit en gestes, en paroles, en cadeaux, mais aussi en fantaisies ! Le troisième pilier, la sexualité, qui s’accomplit dans la conjugalité, ne doit surtout pas être omis dans un couple. «La sexualité, c’est s’abandonner à l’autre», a résumé le père Sonet. «Je vois beaucoup de couples qui n’ont plus de sexualité. Ce n’est pas normal !». Toutefois, la sexualité n’est pas une course effrénée vers la performance, et «les conjoints doivent aussi savoir accepter les imperfections de l’autre».
Enfin, quatrième et dernier pilier, celui du projet de vie à deux. «N’oubliez pas que vous devez construire quelque chose à deux», a insisté le conseiller conjugal. Au cours de la réalisation de ce projet de vie, les époux devront garder au fond d’eux cette «volonté d’aimer» car c’est grâce à elle que, au creux de la vague, on peut repartir ensemble. Sur ces piliers, le foyer vient y déposer sa communauté conjugale, avec la cheminée du pardon - «où, le soir, on brûle tout» - et la faîtière de la fidélité qui rappelle que «je t’ai donné ma vie». Une parabole pour accueillir l’Esprit saint, une entrée sans porte pour être toujours ouvert et bien sûr, des enfants et de la joie ! Et Dieu dans tout ça ? «Dans votre sacrement de mariage, il y a le signe de Dieu. Chaque fois que vous aimez votre femme, vous aimez Dieu !». En fin de conférence, le père Sonet a rappelé que l’amour d’un couple devait être à l’image du Seigneur. «Ne devenez pas des couples pot-au-feu qui ne divorcent pas, mais soyez des couples à l’image du Christ, mort sur la croix les bras ouverts au monde, qui a épousé l’Eglise, soyez des couples qui aiment à la folie !».
Antoine Pasquier